Enseignement individualisé, une réalité au lycée La Jonchère
S’appuyant, il est vrai, sur un effectif réduit, le lycée La Jonchère fait le pari de l’approche modulaire et individualisée des apprentissages. Ce choix constitue un engagement des enseignants pour une meilleure efficacité éducative. Et il repose sur une méthode empirique qui évolue et s’ajuste depuis 4 ans, âge de l’école ! Comment cela fonctionne-t-il ?
L’une est agile en mathématiques mais lente en écriture, l’autre excelle en langues mais semble hermétique à l’informatique… Chaque élève exprime des appétences particulières pour les matières et apprend à des rythmes différents. Or, dans une classe traditionnelle, il est fait bien peu de cas de ces particularités, l’idée étant « de transmettre un programme dans une forme médiane qui s’adapte à tous les élèves mais à aucun en particulier » constate Rayan, professeur de mathématiques au collège-lycée La Jonchère. D’ailleurs, bien souvent, dans le système classique, les élèves sont placés sur le même plan et considérés de manière uniforme : des rangées de tables et de chaises bien alignées, un professeur qui transmet cours magistraux, devoirs et travaux identiques à tous. Conséquence de cette uniformisation, « on sait ce qui est transmis mais beaucoup moins ce qui est retenu ! » résume Rayan.
À la Jonchère, cette année, au minimum trois groupes d’élèves sont constitués, représentant les niveaux classiques : 6e/5e, 4e/3e, 2nde/1ère. Cependant, les enjeux à l’intérieur des groupes sont différents selon les cycles d’apprentissage et selon les échéances d’examens avec le brevet pour certains élèves ou le baccalauréat pour d’autres. Cela conduit logiquement à adapter les contenus et les niveaux des apprentissages », explique Rayan. Ainsi, des sous-groupes sont constitués pour bien cibler les objectifs, notamment les préparations aux examens : séminaires de révisions, entraînements réguliers, bacs et brevets blancs…
Adapter les rythmes des apprentissages : des cours (presque) sur mesure
Mais cela va encore plus loin. Les besoins éducatifs sont affinés en fonction d’une connaissance individualisée de chaque élève. « On sait qu’il est impossible pour un même groupe d’apprendre au même rythme les maths, les langues, les sciences… explique Rayan. Donc, plutôt que ralentir les plus rapides ou bousculer les plus lents, on s’ajuste pour leur donner les moyens d’avancer de façon plus confortable et donc plus efficace. » L’essentiel étant qu’ils atteignent les compétences attendues en fin de cycle, et le cas échéant, qu’ils soient prêts pour l’examen qu’ils présentent.
Comment ça marche ? « L’idée est d’expliquer une règle ou une notion de début de cours puis de lancer les exercices à des niveaux plus ou moins approfondis selon le besoin de l’élève, explique Rayan. C’est une méthode qui adapte la difficulté des devoirs à chaque niveau, mais c’est aussi un très bon moyen d’encourager l’entraide entre ceux qui maîtrisent et ceux qui hésitent. » Ainsi, un élève de 3e a travaillé pendant plus de six mois les fonctions en mathématiques, quitte à laisser de côté d’autres notions, mais « il les a intégrées et il y arrive aujourd’hui ! Il peut donc reprendre la suite du programme avec des bases solides », se satisfait Rayan. Un autre élève de seconde a accéléré ses apprentissages sur le programme de 1ère, un autre de 1ère reprend les bases de la troisième pour stabiliser des acquis, une élève de 5e qui n’a aucune difficulté en langues sera « promue » dans les cours de 3e l’année prochaine pour les cours d’anglais.
Des matières du bac accessibles dès la seconde
Au lycée, l’équipe innove en donnant la possibilité aux élèves qui le souhaitent de découvrir des matières de 1ère et de terminale dès la seconde. C’est le cas pour la philosophie, avec des cours d’initiation, et des cours de spécialités du baccalauréat. Ainsi, les lycéens de seconde auront déjà abordé des matières de spécialités et en auront une bonne idée avant de faire leur choix en première. Pour certains passionnés, ceci peut s’organiser dès le collège : « nous avons le cas d’un élève de 5e devenu un moteur au sein du groupe de spécialité numérique et science informatique en 1ère ! » illustre Rayan.
Des indicateurs réguliers pour un suivi personnalisé réussi
« Le prérequis pour adapter les apprentissages est de bien connaître l’élève, ses potentiels, ses limites et ses besoins », explique Rayan. Plusieurs outils sont mis en place dont le point hebdomadaire, très précieux, entre un enseignant et un élève pour échanger sur la semaine : l’élève a-t-il ressenti des difficultés ou des facilités ? Est-il d’accord avec les commentaires des enseignants sur ses pourcentages d’acquisition des matières ? A-t-il besoin de retravailler des notions ?…
Ensuite, la roadmap trimestrielle individualisée qui reprécise les objectifs pour la période suivante… À cela s’ajoutent les outils d’autoévaluation très réguliers qui illustrent les progrès ou au contraire les difficultés sur certaines matières : QCM, quiz, devoirs sur table, brevets et bacs blancs... Ces échanges réguliers permettent d’ajuster les cours aux élèves, certains exprimant le besoin d’accéder à un niveau supérieur, d’autres ayant plutôt besoin de revenir sur une notion déjà vue.
Grâce à ce dispositif, les ressentis de progrès sont bien au rendez-vous et les élèves gagnent en confiance. Sur les mathématiques, matière sensible par excellence, Rayan conclut que « globalement, les enfants pataugent moins que dans un système classique ; il n’y a pas de décrochage et ça, c’est un bon signe ! »