Nouvelles approches éducatives : quelles pistes pour l’innovation scolaire ?
Elles promettent des apprentissages plus attractifs, plus collaboratifs, plus efficaces tout en façonnant et modernisant l’éducation du XXIe siècle : les nouvelles approches éducatives proposent des méthodes tenant compte de la diversité des besoins et profils des élèves en s’appuyant, entre autres, sur les innovations technologiques. Ces dernières sont développées par l’EdTech, les entreprises spécialisées dans les nouvelles technologies dans le domaine de la formation et de l’enseignement. Petit topo sur cette révolution !
Depuis quelques années, on peut dire que le secteur de l’éducation vit une véritable révolution, accélérée par les besoins de jeunes fragilisés par les mois de confinement de 2020. Phobies scolaires et troubles spécifiques des apprentissages se sont révélés comme des freins majeurs à la poursuite d’une scolarité « normale » au sein de classes surchargées et au programme trop lourd pour certains. Cette fragilité avérée n’est pas le seul moteur.
Plus globalement, l’idée que tous les élèves puissent suivre le même programme scolaire au même moment, au même rythme et de la même manière est challengée, on parle alors de personnalisation des apprentissages. Cette tendance forte se traduit par des approches pédagogiques actives et différenciées, le repositionnement de l’enseignant, la réorganisation des espaces scolaires et l’utilisation des outils technologiques interactifs, collaboratifs et attractifs.
Plan de l'article
La pédagogie différenciée : vers la prise en compte de la diversité des élèves
La voie a été ouverte par de nombreux pédagogues dont Louis Legrand en France ou Carol Ann Tomlinson aux Etats-Unis. Pour ces spécialistes, les différences cognitives et socioculturelles des élèves sont une richesse lorsque cette hétérogénéité est prise en compte dans l’élaboration et la réussite d’un apprentissage. Ce principe conduit à l’adaptation de l’enseignement aux besoins individuels en tenant compte des différents rythmes d’apprentissage et styles cognitifs : un élève au style visuel retiendra mieux les informations à partir d’un graphique, d’un diagramme ou des images alors qu’un profil kinesthésique s’épanouira dans un enseignement pratique basé sur l’expérimentation. Cela conduit aussi à inclure des parcours personnalisés, des exercices adaptés, et une plus grande flexibilité dans les évaluations.
Halina Przesmycki, pédagogue française autrice de « La pédagogie différenciée » en 2008 écrit : « la pédagogie différenciée met en œuvre un cadre souple où les apprentissages sont suffisamment explicités et diversifiés pour que les élèves apprennent selon leurs propres itinéraires d’appropriation tout en restant dans une démarche collective d’enseignement des savoirs et savoir-faire communs exigés ».
Dans ce contexte, l’enseignant accompagne les élèves de manière individualisée ou en petits groupes, en fonction de leurs besoins spécifiques. Il soutient et motive les élèves dans leur progression, en adaptant les activités et les méthodes pour répondre à leurs compétences et leurs centres d’intérêt. Cette approche permet de personnaliser l’apprentissage avec des suivis réguliers pour identifier les points de blocage ou les progrès. L’élève peut être même amené à endosser la responsabilité principale de ses apprentissages, de mettre en œuvre le processus et même d’évaluer ses propres efforts dans une forme de formation autodirigée.
La pédagogie active, centrée sur l’apprenant plutôt que sur l’enseignant
Portée par les courants pédagogiques historiques des écoles Montessori et Freinet, la pédagogie active gagne en popularité. Il s’agit non plus de centrer les apprentissages sur l’enseignant mais sur les apprenants. L’enseignant quitte sa posture magistrale pour devenir un « guide ». Il crée un environnement où les élèves sont amenés à réfléchir par eux-mêmes, poser des questions et chercher des solutions.
Des méthodes plus participatives et interactives sont mises en place. L’apprentissage par projet incite les élèves à travailler ensemble sur des projets concrets, souvent interdisciplinaires, pour développer des compétences en résolution de problèmes, créativité et collaboration ; ensuite la classe inversée qui permet aux élèves de découvrir les contenus à la maison (sur les plateformes de contenus en lignes par exemple) et qui approfondissent ces acquis ensuite en classe avec l’aide de l’enseignant ; enfin l’apprentissage collaboratif qui invite les élèves à travailler en petits groupes, apprenant à coopérer et à développer leur esprit critique en échangeant sur différents points de vue.
Des espaces d’apprentissage flexibles pour libérer les corps et les esprits
Logiquement, la posture de l’enseignant seul face à un groupe d’élèves assis est aussi remise en question. La posture assise pour des jeunes apprenants n’est pas une posture naturelle. Florence Millot psychologue pour enfants et adolescents écrit dans son livre « Apprendre à se concentrer » que « la position assise contraint le développement naturel de l’enfant et que le périmètre de découverte est diminué de 90 % » La pédagogie active induit que la salle de classe devienne un espace de collaboration, de créativité, de travail en autonomie et donc… de mouvements.
Ainsi, les espaces modulables au sein de l’école participent aux nouvelles approches pédagogiques : créer des îlots de travail en groupe, des coins lecture et de travail en autonomie, des laboratoires d’innovation, des ateliers d’art où les élèves peuvent expérimenter, prototyper et développer leurs idées dans des environnements plus libres et créatifs est essentiel. Découvrez nos locaux innovants au collège-lycée La Jonchère.
Les nouvelles technologies comme supports et enrichissement des apprentissages
Les technologies numériques développées par les entreprises de l’EdTech (éducation et technologie) constituent aujourd’hui de précieuses ressources pour soutenir les apprentissages individualisés, interactifs et collaboratifs. Les outils et ressources technologiques développées ouvrent des possibilités infinies d’apprentissage à tout moment, seul ou en groupe, guidé ou en autonomie.
Les enjeux sont d’ouvrir les voies de la connaissance par une posture active de l’apprenant : c’est lui qui joue, relève les défis, interagit, cherche, s’interroge, interroge… La collaboration entre élèves et enseignants est simplifiée par l’utilisation d’outils communs. Les plateformes d’apprentissage en ligne comme Google Classroom facilitent la création et la diffusion de cours et d’exercices, les applications mobiles éducatives (Duolingo, Kahoot.. ) offrent la possibilité de travailler individuellement via des jeux, quiz, défis interactifs… Sur de nombreuses plateformes de cours en ligne, des contenus sont proposés à travers des vidéos, des animations, des fiches de cours, des kits d’examens…
Des chatbots, tuteurs virtuels alimentés par l’intelligence artificielle (IA) répondent en temps réel aux questions que peut se poser l’élève seul face à son écran… En classe, les enseignants peuvent s’appuyer sur les tableaux interactifs (Smart Boards) pour écrire ou dessiner tout en projetant des ressources numériques. Ces tableaux rendent les cours plus dynamiques et interactifs en permettant aux élèves de participer en temps réel, même à distance. On peut apprendre à tout moment et selon ses besoins !
Un nouveau positionnement pour l’enseignant
Dans le contexte de l’innovation scolaire, les enseignants sont à la fois utilisateurs et promoteurs des technologies éducatives. Ils adaptent leur pédagogie à l’utilisation d’outils numériques pour enrichir les expériences d’apprentissage en classe ou à distance. Ils peuvent aussi être des créateurs de contenus numériques, en collaborant avec des plateformes d’enseignement en ligne pour développer et diffuser leurs propres cours.
Mais bon nombre d’enseignants ont besoin d’être formés à ces nouveaux outils et usages. Experts de leur discipline, beaucoup d’entre eux doivent s’adapter aux technologies et aux nouvelles façons d’enseigner en s’appuyant sur des outils que leurs propres élèves maîtrisent parfois mieux qu’eux-mêmes. Parfois, ce sont les élèves qui initient des professeurs aux outils numériques ! Dans ce contexte, la relation entre professeur et élève évolue tout naturellement, passant du rapport sachant-apprenant à une relation plus collaborative.
L’innovation scolaire, ADN de La Jonchère
Un collège et un lycée sans classes, sans punitions, où élèves et enseignants se tutoient dans une ambiance décontractée mais néanmoins respectueuse, tout cela dans des locaux aux allures de start-up : ne s’agit-il pas là des bases d’un établissement scolaire innovant ?
À cette réalité s’ajoutent des principes, méthodes et outils pédagogiques complètement novateurs et même… révolutionnaires qui font leurs preuves puisque 100 % des élèves ont réussi au brevet et au bac ces deux dernières années. Côté cycles d’apprentissage, au Lycée La Jonchère, le programme de collège, considéré comme plus léger, s’effectue en trois ans pour gagner une année pour le lycée, plus dense, qui s’effectue du coup en quatre ans. Ensuite, l’équipe prévoit de couvrir tout le programme scolaire de chaque année en six mois pour pouvoir prendre le temps ensuite de répéter, réviser et approfondir les notions abordées dans une logique de réitération constante et de réactivation des connaissances.
D’ailleurs, les outils d’apprentissage mis à disposition par l’école facilitent cette approche : chaque élève est doté d’un Chromebook lui permettant de travailler en classe ou à distance, d’effectuer des exercices et révisions en autonomie (Duolingo, Kahoot, Google Classroom, flashcards Anki…) qui contribuent par ailleurs à les responsabiliser dans leurs apprentissages.
Du côté des élèves, chacun est coaché et suivi individuellement pour sonder à la fois ses besoins en acquis scolaires et son niveau de bien-être dans l’école. Cette approche personnalisée aboutit à ce qu’un élève de La Jonchère en âge d’être en 4e ait déjà obtenu le brevet… Inversement, lorsque des difficultés se révèlent, un moment est consacré en soutien one-one avec un enseignant pour ceux qui en ont besoin ou un au mentoring d’un élève par un autre, plus à l’aise dans la matière. Cette école, où l’épanouissement personnel des élèves est aussi important que leur niveau scolaire, développe les soft-skills avec l’art oratoire, la médiation entre pairs…
Les projets de réalisations très concrètes, comme les vidéos pour la chaîne YouTube de l’école et les séjours extrascolaires hors les murs en séminaires de révision, par exemple, renforcent par ailleurs les liens entre élèves à travers la collaboration et l’esprit de solidarité.