Posté le : 12 Juil 2021 - Temps de lecture estimé : 9 minutes

Pédagogies alternatives : les grands courants de l’éducation alternative

Les pédagogies alternatives ont tissé au fil du temps une approche différente de l’enfant pour concevoir et proposer des apprentissages non traditionnels : plutôt que transmettre un programme scolaire prédéterminé, ces courants pédagogiques alternatifs visent avant tout l’épanouissement de l’enfant afin qu’il puisse, de lui-même, s’approprier puis appréhender les apprentissages. S’appuyant sur l’observation de l’enfant, les pédagogues ont conçu une science de l’éducation pour apprendre autrement

Quels sont les différents courants qui composent ces pédagogies alternatives ? 

La pédagogie Montessori

Maria Montessori est une psychiatre et anthropologue italienne du début du XXe siècle. Son travail auprès d’enfants d’une clinique psychiatrique la mène sur le chemin de l’éducation alternative. Partant du constat que l’enfant est tout à fait compétent pour apprendre seul, elle préconise un environnement et des outils éducatifs qui encouragent et développent ce potentiel d’apprentissage dans toutes ses dimensions : physique, intellectuelle, émotionnelle, sensorielle, sociale…  Pour Maria Montessori, « la fonction du milieu n’est pas de former l’enfant mais de lui permettre de se révéler. »  

L’approche de Maria Montessori est basée sur la pédagogie positive : pour elle, l’enfant sera d’autant plus compétent qu’il apprendra et se développera dans un environnement bienveillant qui conforte son estime de soi. 

Validée par les neurosciences, cette approche s’est  traduite par l’offre d’outils pédagogiques stimulant la motivation et l’intelligence de l’enfant.  Dans les écoles Montessori, rien n’est imposé ! 

La pédagogie Freinet

Célestin et Elise Freinet, instituteurs et pédagogues français du début du XXe siècle sont les chantres de l’expression libre de l’enfant.  Dans la pensée de la pédagogie Freinet, l’enfant est un être créatif qui a besoin d’un cadre pour  épanouir ses compétences naturelles. Pour ces pédagogues, l’apprentissage doit être totalement dépourvu de contraintes. Comme l’écrit Célestin Freinet « nul n’aime se voir contraint à faire un certain travail […] C’est la contrainte qui est paralysante».  L’enfant a besoin de l’adulte que comme un facilitateur de son développement et non pas, comme dans l’école traditionnelle, d’une autorité. 

Ce principe repose sur l’idée de coopération entre élèves et maître, et inter-élèves. Les principes démocratiques et les valeurs de non-violence sont essentiels pour créer des conditions propices à l’apprentissage. 

Le Mouvement de l’école moderne rassemble aujourd’hui l’ensemble des enseignants qui suivent la pédagogie Freinet. Ce mouvement est représenté en France par l’Institut coopératif de l’école moderne (ICEM).

La pédagogie Steiner-Waldorf

Rudolf Steiner est le fondateur de l’anthroposophie, pensée spirituelle sur laquelle il va baser ses principes d’éducation alternative.  Ce penseur autrichien considère que l’enfant est un être en perpétuel mouvement de croissance et d’éveil. Ce mouvement naturel est découpé en trois phases : jusqu’à 7 ans, de 7 à 14 ans et de 15 à 18 ans. L’enseignant préconise, dans chaque phase, un cadre rassurant pour encourager la curiosité et l’ouverture au monde. Ensuite, l’enfant s’épanouit, expérimente et apprend à son propre rythme à l’intérieur de ce cadre. 

Dans la pédagogie Steiner-Waldorf, c’est donc le rythme qui fait office d’autorité naturelle : dans chaque cycle, les activités dirigées et les activités de jeux libres s’alternent. Cette alternance donne des repères aux enfants, il structure leur développement. 

La pédagogie active

La pédagogie active est le socle commun aux modèles de pédagogies alternatives. Elle part du principe que l’enfant est moteur de son éducation et de ses apprentissages grâce à ses compétences innées. La pédagogie active préconise que l’enfant construise lui-même ses savoirs en se mettant dans une posture d’expérimentation et de recherche. Il est par conséquent actif et non passif dans son parcours scolaire.

Contrairement aux principes de la pédagogie traditionnelle, la pédagogie active considère que ce n’est pas l’adulte seul qui détient le savoir : l’enseignant est plutôt  un facilitateur et un médiateur  dans l’acquisition des connaissances par l’enfant et dans son épanouissement dans le groupe.

Dans la pédagogie Steiner-Waldorf, c’est donc le rythme qui fait office d’autorité naturelle : dans chaque cycle, les activités dirigées et les activités de jeux libres s’alternent. Cette alternance donne des repères aux enfants, il structure leur développement. 

La pédagogie Reggio-Emilia

La pédagogie Reggio-Emilia a été développée dans les années 50 par Loris Malaguzzi, enseignant pédagogue italien, dans la province italienne du même nom. Selon la pédagogie Reggio, ce sont les « cent langages » de l’enfant qui stimulent sa curiosité et développent son potentiel de créativité : mots, images, jeux, peinture, dessin, observation… L’adulte propose, l’enfant dispose. Cette approche est facilitée par l’aménagement d’espaces distincts : espaces de création, de repos, de dialogue, de jeux, d’expérimentations…

Dans cette pédagogie alternative, les adultes, enseignants et parents inclus, sont invités à créer un environnement social et physique bienveillant, propice à l’épanouissement  et au bien-être de l’enfant.

Contrairement aux principes de la pédagogie traditionnelle, la pédagogie active considère que ce n’est pas l’adulte seul qui détient le savoir : l’enseignant est plutôt  un facilitateur et un médiateur  dans l’acquisition des connaissances par l’enfant et dans son épanouissement dans le groupe.

Dans la pédagogie Steiner-Waldorf, c’est donc le rythme qui fait office d’autorité naturelle : dans chaque cycle, les activités dirigées et les activités de jeux libres s’alternent. Cette alternance donne des repères aux enfants, il structure leur développement. 

La pédagogie Pikler-Loczy

Emmi Pikler, pédiatre hongroise, a développé dans les années 50 les concepts de motricité libre et d’activité autonome : dès bébé, l’enfant peut se construire à son rythme, tout seul, à condition qu’il bénéficie d’une relation affective et bienveillante d’un adulte de référence. 

Ayant ouvert des structures de petite enfance à Loczy en Hongrie, Emmi Pikler a démontré l’importance  de la qualité de cet accompagnement pour le développement de l’enfant dans une structure collective : plus qu’un accompagnement, il s’agit de créer un véritable attachement avec l’enfant. Ce lien est essentiel que l’enfant développe sa sécurité affective et le conforte dans l’évolution vers son autonomie. 

La pédagogie Decroly

Ovide Decroly, pédagogue et psychologue belge des années 30, est le fondateur de la méthode globale d’apprentissage. On retrouve dans cette pédagogie alternative l’idée que l’école n’est pas seulement un lieu de transmission de savoirs mais un lieu de développement de l’enfant comme individu et comme être social. La pédagogie Decroly  préconise que l’école  doit soutenir l’enfant à développer sa personnalité et s’adapter à la société. Cette pédagogie active pose aussi le principe que les goûts et compétences innées de l’enfant sont un moteur puissant pour ses apprentissages.

La méthode globale recommandée par la pédagogie Decroly se construit sur la base concrète de   recherches personnelles ou en groupes, de l’usage de cahiers et de panneaux muraux plutôt que des manuels scolaires, de  création de pièces de théâtre, de découvertes de son environnement puis du monde…

La pédagogie Arrowsmith

Barbara Arrowsmith Young a développé sa pédagogie alternative au Canada dans les années 80. La pédagogie Arrowsmith repose sur un programme d’exercices cognitifs spécifiques destiné aux enfants  souffrant de troubles de l’apprentissage : difficultés pour la lecture, l’écriture, les mathématiques, la mémorisation, la compréhension, dyslexie, hyperactivité, déficit de l’attention…

Selon son approche, les aires du cerveau réservées aux fonctions cognitives peuvent être développées grâce à des exercices qui améliorent les capacités mentales et renforcent la faculté d’apprentissage.

Adoptant les principes de l’école positive, Barbara Arrowsmith préconise que son programme se déroule dans un environnement d’apprentissage solidaire et bienveillant qui développe l’estime de soi en même temps que l’acquisition des connaissances. 

La pédagogie alternative bienveillante

La pédagogie alternative bienveillante est un courant pédagogique du respect de l’enfant en tant qu’être humain à part entière. Elle part du principe que chacun naît avec ses propres compétences, qualités, goûts. Le cadre scolaire doit ensuite se mettre au service de l’enfant pour épanouir ces compétences de manière naturelle, dans la confiance et sans contrainte.

Irriguant toutes les approches pédagogiques alternatives, la notion de bienveillance est aujourd’hui présentée comme un cadre intellectuel, émotionnel et matériel propice aux apprentissages. Elle est inscrite dans la Loi de refondation de l’école de 2013 et dans ce cadre, est considérée comme l’un des fondamentaux de la pédagogie classique. 

  • La Jonchère