Posté le : 23 Août 2021 - Temps de lecture estimé : 8 minutes

Le système scolaire finlandais : l’inspiration des écoles alternatives

Saviez-vous que le statut social d’un enseignant se compare à celui d‘un médecin ou d’un avocat en Finlande ? C’est dire le grand respect et l’attention particulière accordés à l’enseignement dans ce pays. D’ailleurs, le système scolaire public finlandais, qui a inspiré les écoles alternatives françaises, est reconnu comme l’un des systèmes les plus performants au monde selon l’enquête du Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA) de 2018. 

Il est prouvé que les élèves finlandais obtiennent de meilleurs résultats en sciences, en mathématiques et en lecture que la moyenne des autres pays alors qu’ils passent le moins de temps à travailler en dehors des cours ! (source BBC)  

Comment s’explique le succès du système scolaire en Finlande ? Comment inspire-t-il l’éducation alternative en France ?

Le système éducatif finlandais : l’apprentissage dans la bienveillance

La réforme de l’éducation publique finlandaise en 2007 a mis en place un système éducatif public exemplaire aussi bien sur le plan des apprentissages que sur le plan de l’épanouissement personnel des élèves. 

La scolarité des petits Finlandais ne commence qu’à l’âge de 7 ans. Pendant les six premières années de leur scolarité, les élèves finlandais ne subissent aucun système de notation ou d’examen. Ils ne sont donc jamais évalués. Un seul examen standard est passé à la fin du deuxième cycle du secondaire, à l’âge de 16 ans. Par ailleurs, 30 % des élèves bénéficient d’un soutien spécialisé dans leurs apprentissages pendant neuf ans. Non évalués mais plutôt soutenus et encouragés à l’école, les enfants finlandais sont les élèves les moins stressés des systèmes éducatifs européens dans leurs apprentissages. Ce climat scolaire de bienveillance instauré dès le début de l’enseignement finlandais semble expliquer leur capacité d’intégration des savoirs, de manière durable et un faible taux d’échec scolaire : 93 % des élèves finlandais réussissent leurs études secondaires

Dans ce système, le redoublement et le décrochage scolaire sont rares car les élèves en difficulté sont toujours soutenus.  Ces résultats positifs ont conforté de nombreuses écoles alternatives françaises à appliquer les courants alternatifs dont s’inspire le système scolaire finlandais. Ces courants alternatifs sont nourris des pédagogies de Maria Montessori, Rudolf Steiner, Célestin Freinet entre autres.

Le modèle scolaire finlandais : un cursus scolaire qui s’enrichit progressivement

Entre 7 et 13 ans, les élèves finlandais suivent tous le même cursus d’apprentissages de mathématiques, sciences et finnois. L’apprentissage des langues étrangères s’intensifie d’année en année : l’étape d’« école fondamentale » est complétée par l’apprentissage de l’anglais à partir de 9 ans, et celui d’une deuxième langue au choix parmi lesquelles l’allemand, le français, le suédois, le russe – à partir de 11 ans. 

Arrivés au niveau 7 de leur cursus scolaire à l’âge de 13 ans, les élèves peuvent choisir deux options parmi des matières optionnelles proposées: éducation physique, musique, arts, technologies… Le contenu des apprentissages s’enrichit  crescendo au niveau 8 avec six matières optionnelles, et au niveau 9 avec cinq matières optionnelles. 

Jusqu’à l’âge de 16 ans, les élèves peuvent ainsi construire peu à peu leurs enseignements tout en développant leur sens de responsabilité par rapport à leurs apprentissages. Cette organisation repose sur les principes d’une pédagogie active. La durée des cours quotidienne est en moyenne de 5 heures maximum pour les petits Finlandais au primaire et au secondaire (vs 6 heures pour les élèves français)

Quelles différences entre système scolaire français “classique” et système finlandais ?

Malgré les nombreuses réformes du système éducatif français, l’OCDE relève « une inégalité des performances en fonction du milieu social des élèves dès l’âge de 10 ans». 

Il semble que ce système inégalitaire n’existe pas dans le système finlandais, système à près de 100 % public.  L’enseignement finlandais obtient « une plus faible disparité de performances entre les différents élèves et  une forte capacité à corriger les effets des inégalités sociales » (PISA 2015) 

Une autre différence est que le système français vise l’exhaustivité des connaissances alors que l’école finlandaise transmet un socle commun de connaissances de base dans les petites classes dites « école fondamentale». Le soutien apporté à chaque élève favorise ensuite les chances scolaires de chacun.

L’école finlandaise basée sur la pédagogie active

Le modèle scolaire finlandais applique les principes de la pédagogie active développés par les courants pédagogiques de Maria Montessori, Rudolf Steiner, Célestin et Elise Freinet. Dans un environnement scolaire bienveillant, l’élève est considéré comme une personne avec des compétences, qualités, appétences qui guideront ses propres acquis. Doté d’une curiosité et d’une intelligence naturelles, l’enfant appréhende lui-même les savoirs, l’enseignant devenant un facilitateur et accompagnateur de son développement. Le modèle éducatif finlandais part de ce principe pour placer, davantage que les savoirs, l’élève au centre du système scolaire. Ainsi pris en compte, l’élève devient moteur des apprentissages qu’il choisit d’investir. Dans le système éducatif finlandais, les programmes sont flexibles et l’autonomie pédagogique totale.

Scolarité alternative : des élèves heureux, épanouis et moteurs

Le système scolaire de Finlande s’appuie sur les neurosciences pour mettre en œuvre les principes de la pédagogie active. Les neurosciences ont démontré le rôle considérable de l’éducation positive dans les apprentissages : plus l’enfant se développe dans un environnement d’écoute, d’encouragement de bienveillance, plus son cerveau sécrète de l’ocytocine, hormone de l’attachement et du lien social. Cette hormone est à l’origine de l’apparition de la dopamine qui stimule la motivation, les endorphines qui procurent le sentiment de bien-être et la sérotonine stabilisatrice de l’humeur. Ce cocktail idéal apaise l’individu, développe sa créativité, son attention et sa motivation… facteurs clés de l’épanouissement personnel et de la réussite.  Les travaux de Thomas Gordon, psychologue américain nommé trois fois pour le prix Nobel de la Paix, ont démontré qu’un élève heureux, épanoui, libre de se développer à son rythme, acquerra plus aisément les savoirs fondamentaux. Le système d’éducation finlandais respecte profondément les savoirs, mais respecte encore plus les individus à qui elle veut les faire acquérir.

Le collège-lycée La Jonchère, héritier des valeurs de l’éducation finlandaise

Au sein du collège-lycée La Jonchère, très rare établissement secondaire alternatif hors contrat laïc d’Ile-de-France, l’équipe pédagogique s’est inspirée du modèle finlandais. La communication bienveillante  constitue la base du projet pédagogique de cette école

L’ensemble des enseignants est formé à la méthode Gordon, fondée sur l’écoute active et la résolution des conflits gagnant-gagnant. Cette bienveillance instaure un climat de confiance, d’échange, d’écoute, de collaboration pour faire de chaque difficulté rencontrée une opportunité pour progresser. 

Dans cette même logique, le système d’évaluation ne repose ni sur des notes, ni sur un classement. Chaque enfant dispose d’indicateurs qui lui permettent de repérer où il se situe dans ses apprentissages, et ce vers quoi il doit tendre. Le suivi se fait ensuite de manière conjointe avec les enseignants, de semaine en semaine. La réussite scolaire n’est pas basée sur un système d’évaluations et de notation mais sur un encouragement constant. Les apprentissages s’effectuent sur une plage horaire de 45 minutes. 

Sans être une école bilingue, La Jonchère a mis en place un apprentissage de l’anglais intensif avec une à deux séances d’anglais par jour pour chaque élève. Du temps est laissé aux élèves pour aborder des matières seul ou travailler sur un projet en autonomie scolaire. Lorsqu’ils sont en classe, les élèves sont répartis en petits groupes, les effectifs sont réduits et ils sont encadrés par de nombreux enseignants.

  • La Jonchère