Les bénéfices des échanges scolaires entre collèges
L’idée que « les voyages forment la jeunesse » a été consacrée à l’époque des Lumières. Montaigne, le plus connu des penseurs de cette époque, recommandait les voyages pour les enfants. Pour lui, il était important de séjourner en pays étranger « pour en rapporter principalement les humeurs de ces nations et leurs façons, et pour frotter et limer nostre cervelle contre celle d’autrui* ». Aujourd’hui, les nombreux échanges internationaux entre établissements scolaires confirment la valeur éducative des séjours à l’étranger. Erasmus, désormais accessible aux collégiens et lycéens, est le plus emblématique programme d’échanges entre étudiants depuis sa création en 1987. Pourquoi ces séjours sont-ils aussi importants ? Qu’apportent-ils aux jeunes collégiens en termes de connaissances, de compétences, de développement personnel ?
Ne sommes-nous pas nombreux à avoir imprimé des souvenirs de séjours scolaires dans nos mémoires ? A avoir gardé précieusement les lettres échangées avec nos correspondants ? Des amitiés inattendues avec des pairs étrangers, la fierté de s’exprimer dans une autre langue, le sentiment galvanisant de s’affirmer en dehors de son cercle familial et familier… C’est dire si la rencontre entre élèves de langues et de cultures différentes est riche et précieuse pour la vie de collégien, comme un marqueur et un accélérateur de développement, à la fois des connaissances, mais aussi de compétences et de qualités humaines.
Aujourd’hui, de nombreuses possibilités existent pour encourager ces échanges scolaires, l’État via le Ministère de l’Education Nationale ayant exprimé l’objectif qu’à horizon 2025, « 100 % des élèves des collèges et lycées disposeront d’au moins un partenariat avec un homologue étranger d’ici à 2025 ** ».
Plan de l'article
Les séjours linguistiques comme moteurs d’échanges
Selon un classement mondial*** analysant les compétences en anglais de plus de 2 millions de personnes non-natives dans 111 pays, la France se situe à la 34e place derrière l’Italie et l’Espagne, les Pays-Bas, Singapour et l’Autriche.
En France, même si l’anglais est enseigné dès l’école primaire, il manque des heures et des heures de pratique à l’oral aussi indispensables que la théorie. Les neurosciences ont prouvé que l’apprentissage classique ne suffit pas : l’élève peut apprendre tout le vocabulaire qu’il veut, s’il ne pratique pas, il ne pourra jamais s’exprimer. La meilleure façon de progresser est de s’immerger dans le pays de la langue. L’élève est obligé de se désinhiber pour communiquer avec les locaux et améliore ainsi très rapidement son niveau de compétences de la langue.
Le déclic peut être très important pour sa vie future, les avantages du bilinguisme n’étant plus à démontrer : être « fluent » en anglais ou tout autre langue étrangère constitue un atout maître pour sa future orientation et sa carrière professionnelle. La mobilité européenne et internationale est d’ailleurs très encouragée par les pouvoirs publics et se traduit par des partenariats avec des établissements étrangers, recouvrant des « séjours d’élèves, individuels ou groupés, hors du territoire français à des fins pédagogiques, professionnelles, linguistiques ou culturelles.** » Selon l’Office national de garantie des séjours linguistiques et éducatifs, 2720 séjours avec scolarité ont été organisés de la France vers l’étanger en 2023
Aborder d’autres cultures et d’autres valeurs
S’étonner de voir porter l’uniforme à l’école, s’adapter à un autre système de notation, sortir tous les jours à 14 h, faire l’expérience de la classe active en petits groupes… Les habitudes et traditions scolaires sont très différentes d’un pays à l’autre. Pour les collégiens étrangers, le champ des découvertes est immense. Un voyage dans une nouvelle communauté scolaire aiguise la curiosité, place l’élève dans une posture d’ouverture pour comprendre les différences entre son milieu d’origine et celui où il se trouve. Il s’agit d’une grande richesse pour la culture des collégiens. Cela passe aussi par les découvertes culinaires, des habitudes de consommation et des rythmes de vie différents, comme le dîner à 18 h 30 en Allemagne ou l’ouverture des classes à 9 heures en Espagne… À l’image du savant néerlandais Erasme qui sillonna l’Europe au XVe siècle, mû par une grande soif de connaissances, et qui a donné son nom au célèbre programme d’échange étudiant Erasmus, les collégiens d’aujourd’hui ont la grande chance de pouvoir vivre des expériences courtes ou longues dans différents pays européens. Cela est d’autant plus vrai que le programme d’échanges Erasmus qui existe depuis 1987 a été élargi aux apprentis, formateurs, demandeurs d’emploi, jeunes diplômés, collégiens et lycéens en 2014. 33 pays y participent : les 27 États membres de l’Union européenne auxquels s’ajoutent l’Islande, le Liechtenstein, la République de Macédoine, la Norvège, la Serbie et la Turquie. Ce sont les établissements scolaires qui choisissent de s’emparer de ces possibilités et de les inscrire dans leur projet d’établissement. Avec Erasmus existe aussi la volonté de transmettre les valeurs de l’Europe aux jeunes collégiens qui participent aux échanges réciproques ou individuels : promotion de la paix, combat de l’exclusion sociale et des discriminations, respect de la diversité culturelle et linguistique, entre autres…
Sociabilité et adaptabilité à la clé
Sortir de sa zone de confort pour aller vers l’inconnu, voyager pour la première fois sans sa famille… Beaucoup d’élèves ne sont jamais partis seuls et l’idée de se retrouver ailleurs et chez des inconnus peut les effrayer. C’est d’ailleurs pourquoi, les enseignants et équipes pédagogiques ne doivent pas négliger la préparation psychologique et émotionnelle des élèves (et des parents ! ) avant un départ en voyage scolaire de longue durée. Toutefois, pour surmonter ces appréhensions, l’adolescent est capable d’invoquer la confiance en lui et en le monde, accepter l’aventure et l’imprévu, se laisser gagner par le sentiment de réciprocité avec les jeunes étrangers qu’il rencontre. Ce sont des ressources très positives à mettre en œuvre dans le processus de construction à l’âge de l’adolescence. Une fois les appréhensions surmontées, l’élève en séjour scolaire à l’étranger se découvre des points communs avec ses pairs ou ses correspondants : malgré la barrière de la langue, il peut partager des goûts musicaux communs, utiliser les mêmes réseaux sociaux, pratiquer des activités en groupe… Ces points communs constituent de grands facilitateurs de sociabilité. Apparaissent alors le sentiment d’appartenance à un groupe de jeunes du même âge et la possibilité de se faire des amis. Réussir son adaptation dans un milieu étranger est un beau moyen de renforcer la confiance en soi, de se conforter et de s’affirmer à un moment de la vie où l’adolescent cherche à se définir et se situer.
Relativiser et relancer la motivation
Il semble que s’éloigner de son quotidien puisse aider à chasser l’ennui et… les ennuis ! Dans le cadre des séjours scolaires, loin de chez eux, certains élèves prennent du recul et relativisent par rapport à leurs valeurs, cultures, habitudes, environnement familial. L’adolescence est une période de vie qui peut être compliquée aux niveaux relationnels et émotionnels. Quelques jours au contact d’un établissement étranger peut amener le collégien à prendre conscience que son école et ses enseignants ne sont pas si mal, ressentir que les parents et la famille lui manquent. Le recul provoque alors des prises de conscience, parfois un déclic et peut même, dans le meilleur des cas, peut relancer sa motivation !
.
La rencontre des collégiens de la Jonchère avec une école alternative de Prague
Collège et lycée privé hors contrat, La Jonchère ne peut pas bénéficier des programmes d’échanges promus par l’Éducation nationale ou le programme européen Erasmus. Ces derniers sont en effet accessibles aux collégiens et lycéens des établissements publics ou privés sous contrat avec l’État. Cependant, convaincue des bénéfices des échanges scolaires, l’équipe pédagogique n’hésite pas créer des occasions de faire vivre des expériences à l’étranger à ses élèves. Un groupe de lycéens a eu la chance de découvrir un établissement secondaire alternatif à Prague, en République Tchèque, pendant trois jours. La fierté de présenter leur établissement, le plaisir de la rencontre avec les collégiens tchèques et la surprise de la découverte ont été moteurs. À cela s’ajoutent les anecdotes de voyages, les fous rires, et les souvenirs s’impriment pour longtemps ! Pour découvrir cette expérience unique, c’est par ici .
*De l’institution des enfants » du livre I des Essais, écrits de 1572 à 1592, Montaigne.
** Education.gouv.fr “La Mobilité des élèves”
*** Etude 2022 de l’EF EPI (English Proficiency Index) par Education First (EF),