Posté le : 11 Juin 2025 - Temps de lecture estimé : 9 minutes

Sévère ou trop gentil, qu’attend-on du « bon prof » ?

La figure du « bon prof » oscille souvent entre deux extrêmes : l’enseignant sévère, garant de la discipline et de l’autorité, et le prof « trop gentil », proche des élèves, mais parfois jugé laxiste. En réalité, ce que l’on attend d’un bon professeur, c’est un juste équilibre : de l’exigence pédagogique alliée à de l’écoute et de la bienveillance. Encore faut-il que les conditions de travail et le contexte lui permettent d’exercer ce beau métier,  véritable défi pour la société !

Plan de l'article

Beaucoup ont encore en tête l’excellent professeur de littérature, John Keating, du film Le Cercle des poètes disparus, interprété par Robin Williams. Ce « prof dont tout le monde rêve » a marqué des générations avec ses méthodes d’éducation diamétralement opposées aux principes stricts et rigoristes de l’établissement  dans lequel il enseignait. En aidant ses élèves à sortir de leur coquille et à réaliser leur potentiel, en les encourageant à « profiter du moment présent » selon l’adage carpe diem, il a touché au cœur de nombreux adolescents de l’époque. Ce film culte a d’ailleurs révélé leurs attentes fortes :  besoin de considération, de respect et de bienveillance dans leur cursus scolaire… 

D’ailleurs, une étude menée en 1993 – dont les critères sont encore d’actualité – par le sociologue Georges Felouzis auprès de près de 300 lycéens indique que pour ces derniers  le bon professeur est celui qui « explique bien, prodigue un cours structuré et clair, est souriant et proche des élèves,  aide ceux qui sont en difficulté (quitte à arrêter son cours pour le faire), aime enseigner sa matière et donne un cadre ».

Il semble évident que plus un enseignant se montre encourageant, patient et empathique, plus il a de chances d’être apprécié et écouté, et plus impactante sera sa transmission des savoirs.

L’effet Pygmalion : l’enseignant fait naître la motivation chez l’élève

Ce principe est étayé par les travaux de Robert Rosenthal, chercheur américain qui a démontré que le comportement des enseignants peut avoir un impact sur les performances des élèves à quatre niveaux différents : 

  1. le climat de la classe (froid, chaleureux, accueillant)
  2. l’apport de matériel d’étude (supports de cours, outils pédagogiques)
  3. la production (possibilité pour les élèves de réagir, s’exprimer, s’engager…) 
  4. le retour d’information (conseils détaillés et personnalisés donnés aux élèves pour leur progression). 

Rosenthal a aussi montré l’impact psychologique dans le domaine de l’éducation : ce sont les attentes exprimées par les enseignants qui affectent les performances des élèves. Autrement dit, plus le professeur est engagé, plus il exprime des attentes en suggérant que le succès va se réaliser, plus il obtient de bons résultats. Cette « prophétie réalisatrice » venant d’une autorité contribue à motiver les élèves, c’est ce qu’on appelle aussi « l’effet Pygmalion ». On le voit, le bon prof est encore une fois quelqu’un de positif et d’encourageant, donc de plutôt… gentil ! Cela ne peut toutefois pas se concevoir sans une exigence pour un cadre et une certaine discipline.

Un besoin de cadre, de règles et de discipline non discutable

La pertinence d’un enseignant qui inspire confiance, encourage, et motive n’est plus à démontrer. Toutefois, outre ces qualités personnelles, un bon enseignant se doit d’équilibrer son approche avec des compétences professionnelles évidentes. En plus de ses compétences pédagogiques – maîtrise des contenus et capacités à les transmettre de manière claire et efficace –, poser un cadre et une discipline est essentiel. Le cadre et la discipline ne sont pas là pour punir, mais pour structurer, sécuriser et guider. Ils sont essentiels à l’éducation et à la construction de l’individu. Un bon enseignant est aussi celui qui sait poser le cadre, non pas dans l’autoritarisme mais dans une forme de coopération. 

Comme le précise le site Canopée, « aujourd’hui, l’autorité ne s’impose plus, mais elle se construit dans la classe, et dans la relation avec la classe ».  La nécessité du cadre participe de l’éducation des élèves, non seulement académique, mais humaine.  Les règles et la discipline sont des indispensables pour plusieurs raisons :

  •   Elles offrent un environnement stable et prévisible rassurant pour les jeunes, réduisant l’anxiété, surtout chez ceux ont besoin de limites pour se sentir en sécurité.
  •   Elles créent un climat de classe propice à la concentration et au travail, moins il y a de perturbations, plus il y a de temps pour apprendre
  •   Elles favorisent la coopération entre élèves qui sont solidaires face à une certaine autorité
  •   Elles préparent les élèves à vivre en société, où il y a des lois et des normes à respecter.

Le bon prof est donc celui qui ne dépend donc pas tant de sa sévérité ou de sa gentillesse, mais de sa capacité à définir et à poser les règles et adapter son attitude au contexte et aux besoins de ses élèves en toute bienveillance, patience et empathie. Cette théorie est parfaite, les conditions réelles beaucoup moins !

Des bonnes conditions de travail pour soutenir l’enseignant

Les enquêtes nationales sur le climat scolaire le prouvent : les qualités humaines, pédagogiques et académiques d’un bon enseignant se heurtent malheureusement et trop souvent aux conditions de travail difficiles dans les établissements. Pour exercer efficacement, un professeur a besoin de conditions de travail justes dans une ambiance positive. Plusieurs points d’attention sont importants à prendre en compte : la charge de travail, car entre les cours, les corrections, les préparations, les réunions, et parfois les tâches administratives, l’emploi du temps d’un enseignant peut être écrasant.  

Autre condition, un effectif d’élèves adapté :  enseigner à 30 élèves, dont certains en difficulté, n’est pas la même chose qu’enseigner dans une  classe de  20 élèves plus propice à l’individualisation des apprentissages. À cela s’ajoute le critère du climat scolaire : la sécurité, le respect et la coopération au sein de l’établissement sont fondamentaux pour que les élèves s’y sentent bien et respectent mieux les adultes qui les encadrent. Ensuite, le soutien institutionnel est fondamental : l’enseignant doit pouvoir bénéficier de formation continue, d’accompagnement en début de carrière et de reconnaissance au travail. Enfin, les moyens matériels doivent être suffisants : manuels scolaires, ordinateurs, salles de classe adaptée, locaux propres et agréables

Des évolutions de la société pas toujours favorables

L’enseignant peut aussi se heurter à un manque de coopération avec les parents d’élèves. Or, la confiance des familles est primordiale pour sa crédibilité et sa légitimité. Malheureusement on assiste à une évolution du rapport à l’autorité : les élèves, et parfois leurs parents, contestent plus facilement la parole du professeur. 

Selon les dernières enquêtes nationales sur le climat scolaire 2022-2023, « dans les écoles publiques, 85 % des victimes d’incidents graves envers les personnels sont des enseignants. La violence envers les personnels dans le milieu scolaire se manifeste majoritairement par des atteintes verbales. Dans le premier degré, parmi les incidents graves commis envers les enseignants, 44 % proviennent des familles. Dans le second degré, ces incidents graves envers les enseignants sont davantage le fait d’élèves ou de groupes d’élèves ». 

Ce manque de reconnaissance est une source de souffrance pour les professeurs qui perdent, au mieux, confiance en eux, motivation pour leur métier, et au pire y laissent leur santé…  Autres facteurs auxquels se heurtent les enseignants : les problèmes et la souffrance de leurs élèves qui subissent des violences et tensions familiales ou présentant des troubles de la santé mentale. Entre 17-29% des enseignants présentent des signes de burn-out en Europe (Ministère de l’Éducation Nationale).  Dans ces contextes difficiles, la résilience des professeurs peut être remarquable mais les facteurs de risques parfois trop lourds.  

Au lycée La Jonchère, des profs qui guident, soutiennent et encouragent

Portant haut et fort les valeurs de la pédagogie positive et alternative, l’équipe pédagogique du lycée La Jonchère se base sur un postulat : chaque élève est singulier à travers ses traits de caractère, son histoire, son émotivité. Davantage que des élèves, d’ailleurs, ces derniers sont considérés comme des individus à part entière et suivis à la fois sur les plans pédagogique, affectif et humain. 

L’effectif, qui grossit d’année en année, n’empêche pas cette attention particulière à chacun car les conditions de travail dignes et respectueuses sont au rendez-vous. 

Évoluant dans des locaux agréables, au sein d’une équipe soudée par un état d’esprit de coopération, les enseignants sont aussi formés aux techniques de communication non violente et à la médiation. Leur bien-être au travail est ainsi préservé, condition sine qua non pour favoriser leur disponibilité, ouverture et efficacité au service des apprentissages. 

Ni surveillant, ni copain, l’enseignant du lycée La Jonchère se rapproche davantage du rôle de coach, avec un petit « truc en plus » qui fait toute la différence !

  • La Jonchère