Posté le : 01 Mai 2023 - Temps de lecture estimé : 10 minutes

Quels sont les différents types de difficultés scolaires

Depuis une vingtaine d’années, les spécialistes parlent de « troubles spécifiques des apprentissages » pour expliquer certaines difficultés à lire, s’exprimer à l’écrit et à l’oral, calculer, se concentrer…. Que recouvre cette notion ? Qu’induit-elle dans les approches pédagogiques, la prise en charge médicale éventuelle, la considération même des élèves dits « en échec scolaire » ? Enfin, ces troubles spécifiques sont-ils les seuls à l’origine des difficultés scolaires ? 

« Il efface tout, les chiffres et les mots, les dates et les noms, les phrases et les pièges, et malgré les menaces du maître, sous les huées des enfants prodiges, avec les craies de toutes les couleurs sur le tableau noir du malheur, il dessine le visage du bonheur. » 

Jacques Prévert, avait-il décrit dans « Le cancre », le profil-type de l’élève en difficulté, défiant enseignants sévères et camarades disciplinés ? Si le poète a donné une image plutôt heureuse et libre du cancre, il existe à côté de cela des générations de « mauvais élèves » critiqués, moqués, stigmatisés qui n’ont peut-être jamais compris l’origine de leurs limites, de leurs erreurs et de leurs échecs… Les neurosciences et la neuropsychologie cognitive ont changé la donne pour permettre à beaucoup de parents et enfants en difficulté de mieux identifier les troubles de l’apprentissage, et d’envisager des traitements et des suivis médicaux parfois salutaires.

Plan de l'article

Un changement de regard sur les difficultés scolaires

Finis aujourd’hui les qualificatifs stigmatisants entendus au sein de l’école. « Paresseux », « nul », « idiot » ne sont plus acceptables pour parler des élèves en difficulté. En 2005, la loi pour l’Égalité des droits et des chances, soutenant le projet d’éducation inclusive, a redéfini les difficultés d’apprentissage. Il ne s’agit plus seulement de « dysfonctionnements cognitifs intrinsèques » à l’élève mais elles supposent d’être « analysées dans le cadre de l’activité de l’apprenant en situation, en relation avec les conditions effectives, sociales et institutionnelles dans lesquelles elles s’inscrivent. » 

Autrement dit, c’est tout un écosystème d’éducation qu’il faut appréhender lorsqu’on veut aborder les difficultés d’apprentissage : à la fois le trouble de l’élève, qui pourrait se définir comme une perturbation pathologique, son environnement social et familial et la prise en charge éducative de l’école. Trop longtemps, ces paramètres n’ont pas été pris en compte, faisant peser l’échec de l’enfant sur son propre manque de volonté ou de motivation. Aujourd’hui, une mutation des logiques dans l’approche des difficultés des élèves est acquise. 

Selon l’Inserm, en France, un à deux élèves par classe a des difficultés d’apprentissage qui ont été définies : 

  • Les troubles DYS : dyslexie, dysorthographie, dyscalculie, associés à la dysphasie 
  • Les troubles de l’attention avec ou sans hyperactivité  (TDA/TDAH). 

Toujours selon l’Inserm, dans la plupart des cas, ces difficultés ne sont ni identifiées ni diagnostiquées et, par conséquent, encore moins prises en charge. Face à de telles proportions, on peut dire que les différents types de difficultés scolaires constituent un réel problème de santé publique.

Les « dys », très disqualifiants à l’école

Selon la Fédération française des Dys(FFDys), les Dys sont des « troubles neuro développementaux cognitifs et comportementaux qui se manifestent pendant l’enfance et qui impliquent des difficultés significatives dans l’acquisition et l’exécution de fonctions intellectuelles, motrices, langagières et sociales spécifiques »

Ces troubles sont dits « spécifiques » car ils n’affectent pas l’ensemble du fonctionnement cognitif et ne constituent pas, de ce fait, une déficience intellectuelle globale ou de l’autisme. Les troubles spécifiques des apprentissages comprennent le déficit en lecture (dyslexie) le déficit de l’expression écrite (dysorthographie) le déficit du calcul (dyscalculie).  

La dyslexie : le trouble DYS le plus connu

La plus connue est le trouble spécifique de la lecture, la dyslexie : l’enfant a du mal à reconnaître les lettres, donc à décrypter les mots et les dire de manière fluide. Les chercheurs ont démontré que chez les personnes dyslexiques, il n’y aurait pas d’œil directeur permettant de faire la distinction entre les différentes formes de lettres. 

La dysorthographie pénalisante pour le français

On parle aussi de la dysorthographie pour décrire la difficulté à écrire l’orthographe, la grammaire, la ponctuation, et organiser ses idées à l’écrit. 

La dysgraphie peut également rentrer dans ce cadre : ce trouble touche la capacité de l’élève à écrire de manière rapide, lisible ou le fait d’écrire devient extrêmement fatigant pour l’élève.

Les maths : une torture pour les élèves dyscalculiques

Enfin, la dyscalculie touche, elle, l’approche mathématique : l’élève a du mal avec les notions de quantités, les chiffres, les heures, la lecture des nombres, le calcul mental… 

Sachant que les maths et le français sont les matières ayant le plus d’heures d’instruction dans le système français, on peut imaginer à quel point la situation scolaire peut être confrontante au quotidien pour ces élèves plus fragiles.

NB : le cas particulier du trouble développemental de la coordination (TDC) ou dyspraxie recouvre une hétérogénéité de déficiences et conséquences au niveau des compétences fonctionnelles que ce soit dans leurs formes ou dans leur niveau de sévérité.  L’enfant dyspraxique est malhabile dans ses gestes et se retrouve ainsi limité dans ses apprentissages scolaires, dans la vie quotidienne mais aussi dans ses activités extrascolaires. 

Les comportements limitants relevant des TDA/H

Loin de l’idée d’un problème d’éducation, le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (Troubles Déficitaires de l’Attention ou TDA/Troubles Déficitaires de l’Attention avec Hyperactivité ou TDAH) est un problème du neurodéveloppement de l’enfant, provoqué par la structure et le fonctionnement de son cerveau. Le comportement oscille entre déficit de l’attention, hyperactivité motrice et impulsivité…  

Ce trouble est souvent diagnostiqué vers l’âge de 12 ans lorsque l’on constate plusieurs manifestations : 

  • l’enfant a du mal à rester concentré
  • l’élève est facilement distrait
  • Il  interrompt sans cesse ses activités
  • Il a beaucoup de mal à rester en place, sans remuer
  • Il peine à réfréner une envie, une action, une parole… 

Si ces comportements persistent pendant au moins six mois, et se produisent dans plusieurs environnements (école, maison, loisirs), il est urgent de consulter un pédopsychiatre pour poser un diagnostic et le prendre en charge rapidement.  

Selon l’Inserm, plus de 50 % des enfants qui présentent des déficits de l’attention avec ou sans hyperactivité présentent d’autres troubles des apprentissages : erreurs d’inattention, travail inabouti, non-respect des consignes, mauvaise organisation…

Les HPI, pas si bien lotis

Avec un QI d’au moins 130, les élèves diagnostiqués haut potentiel intellectuel seraient a priori privilégiés dans les apprentissages et dans leur réussite scolaire. Mais il s’avère que ces jeunes ont une capacité de ressentir, percevoir et comprendre les choses et leur environnement avec une telle sensibilité que celle-ci peut devenir un obstacle à leur intégration sociale et leur épanouissement à l’école. Par ailleurs, si l’enfant haut potentiel ne bénéficie pas d’approches pédagogiques et éducatives diversifiées qui misent sur ses points forts et le stimulent, il perdra vite pied et décrochera du système et des attendus scolaires classiques, d’où le risque d’échec.

Diagnostiquer, traiter, déculpabiliser pour mieux aborder les apprentissages

Un fois identifiés, les troubles des apprentissages méritent d’être bien expliqués à l’enfant lui-même. Il s’agit alors de lui expliquer que ses troubles ont une origine neurologique qui n’a rien à voir avec son intelligence. Cela a pour conséquence de le déculpabiliser car il prend conscience qu’il n’est pas responsable de son état. On peut aussi le responsabiliser en l’intégrant dans sa prise en charge pour qu’il comprenne que les intervenants – psychologues, psychiatres…– et les médicaments sont là pour l’aider. Enfin, un enfant doit pouvoir s’appuyer sur ses points forts. C’est pourquoi il n’est pas inutile d’insister sur ses forces, ses qualités, le système de valeurs familiales… 

Dans le cas des TDA/H, la prise en charge peut vraiment atténuer les symptômes et les conséquences : les études cliniques ont démontré que les traitements médicamenteux sont efficaces. Ils diminuent notamment les risques de sous-performances scolaires, d’accidents ou encore de troubles dépressifs.

D’autres facteurs sources de difficultés scolaires

Les troubles des apprentissages ne sont pas seuls à l’origine des difficultés scolaires. 

On peut citer : 

  1. Des raisons intrinsèques à la famille et l’environnement social de l’enfant : facteurs socioculturels, éducatifs, affectifs
  2.  Les difficultés que la société actuelle génère qui réduisent l’accès aux apprentissages et en ré-interrogent parfois le sens pour les élèves : hyperconnexion internet, éloignement de la lecture et de l’écriture manuelle… 
  3. Un enseignant trop autoritaire générateur de difficultés scolaires et de blocages : problèmes relationnels. 

Dans tous les cas, ces facteurs sont sources de souffrance psychologique, d’anxiété, de fatigue, voire de dépression et de désinvestissement progressif de l’enfant qui se découragent face à des apprentissages lui demandant un effort particulier. Parfois, les conséquences des difficultés scolaires peuvent même aller jusqu’au cas extrême de la phobie scolaire.

Au lycée la Jonchère, un environnement rassurant pour surmonter les difficultés scolaires

Le collège-lycée La Jonchère ne se revendique pas comme établissement spécialisé dans l’accueil des élèves atteints de troubles de l’apprentissage. Mais dans son approche bienveillante, inclusive et positive, l’école permet à certains d’entre eux de reprendre leur souffle après quelques années de  souffrance dans le système classique. L’approche individualisée des apprentissages permet à l’équipe de La Jonchère de s’adapter aux différents besoins et difficultés des élèves et les aider à reprendre goût pour certaines matières. Dans certains cas, la dyscalculie est même désamorcée ! 

Il est évident que même si l’enfant a un trouble au départ, celui-ci peut être atténué dans un climat de bienveillance et d’écoute. Quant aux TDA/H, il semble que le même climat apaisé permette d’instaurer un sentiment de sécurité, propice à la concentration. Enfin, transparence et tolérance sont les maîtres mots : aucun élève n’est stigmatisé au collège-lycée bienveillant La Jonchère pour son profil d’élève atypique et encore moins pour ses difficultés d’apprentissages ! 

  • La Jonchère