Posté le : 21 Mar 2023 - Temps de lecture estimé : 8 minutes

Bien-être scolaire : quels enjeux pour la réussite scolaire ?

Des élèves heureux d’aller à l’école, des enseignants contents de retrouver leurs classes, des relations bienveillantes au sein de l’établissement… Qui ne rêve pas d’un climat scolaire apaisé dans lequel tout le monde s’épanouit ? Sachant que nos jeunes passent presque le trois quart de l’année à l’école – 36 semaines réparties en cinq périodes –, comment ne pas s’inquiéter, voire s’angoisser parfois, pour l’assurance de la qualité de vie à l’école ? Au-delà de la question du bien-être des élèves, ce sont les conditions d’apprentissage qui sont en jeu : la réussite scolaire et le bien-être à l’école sont en effet étroitement corrélés. Du climat scolaire dépendent la motivation pour apprendre, la sérénité pour se dépasser dans ses apprentissages, la curiosité pour les autres, l’ouverture au monde… C’est dire l’importance de la qualité du climat scolaire pour garantir les bonnes conditions de réussite ! 

Plan de l'article

Le bien-être est un « état général de bonne santé et d’épanouissement qui englobe la santé physique et mentale, la sécurité physique et affective ainsi qu’un sentiment d’appartenance, de raison d’être, d’accomplissement et de réussite » selon la définition du Conseil de l’Europe qui distingue cinq grands types de bien-être : le bien-être émotionnel, aptitude à faire preuve de résilience, à gérer ses émotions et à ressentir des émotions sources de sentiments positifs ; le bien-être physique, aptitude à améliorer le fonctionnement de son corps grâce à une alimentation saine et à une activité physique régulière ; le bien-être social, aptitude à communiquer, à nouer des relations satisfaisantes avec les autres et à créer son propre réseau de soutien affectif ; le bien-être au travail, aptitude à défendre ses intérêts, ses convictions et ses valeurs afin de donner un sens à sa vie, d’être heureux et de s’enrichir sur le plan professionnel ; le bien-être sociétal, aptitude à participer activement à une communauté ou à une culture. Ces définitions ne sont-elles pas le fondement-même de la réussite d’un individu dans la vie ? Et l’école ne se doit-elle pas d’être le lieu pour bâtir ces fondations dans la confiance et la sérénité ?

Les risques d’un climat scolaire délétère

Ce n’est pas nouveau, un climat scolaire délétère provoqué par une pression scolaire excessive, des sanctions, des brimades, voire même de la violence scolaire, parvient à des résultats contreproductifs : décrochage, absentéisme, sentiment d’échec, découragement… Combien de fois entendons-nous des adultes dire que « l’école a été un cauchemar » ? Quelle tristesse, a posteriori, lorsque l’on pense au temps que nous passons, enfant, au sein des établissements scolaires !  Toutes les années passées à l’école marquent et déterminent l’adulte que nous devenons. Au mieux, même si le bien-être scolaire n’a pas été au rendez-vous, nous conservons un souvenir plus ou moins bon de notre scolarité sans que cela ait un trop d’impact sur notre vie. Quoique, nos souvenirs d’école peuvent avoir un impact sur nos propres enfants : si nous avons été malheureux à l’école, nous pouvons leur  transmettre nos réticences… Au pire, si nous avons été victime de harcèlement, brimades, punitions, jugements négatifs, dérapages verbaux, humour déplacé, atmosphère stressante, nous pouvons en garder des séquelles comme le manque totale de confiance en soi. Plus grave, un enfant harcelé dans le cadre scolaire peut souffrir d’impuissance, revivre le traumatisme par des flash-backs, des cauchemars (au sens littéral du terme) ou des projections négatives. Selon Nicole Catherine, psychiatre, autrice du « Que sais-je ? Le harcèlement scolaire », ce dernier « multiplie par deux le risque de dépression chronique à l’âge adulte. » Lorsque nous savons qu’en France, un élève sur dix serait touché par le harcèlement (1) nous pouvons nous en inquiéter. Il va sans dire que l’importance, dans le cadre d’une politique éducative, de miser sur le bien-être scolaire à la fois pour les élèves et pour les personnels est décisive !   

Bien-être scolaire : la relation enseignants-élèves encore trop aléatoire

Les bienfaits d’une éducation positive reposant sur la bienveillance, l’encouragement, la relation de confiance entre élèves et enseignants ne sont plus à démontrer : le pouvoir déterminant des feed-back positifs et de la relation de confiance enseignants-élèves sur la motivation et la réussite scolaire de ces derniers est établi par les chercheurs (2). Mais le bien-être scolaire ne repose pas uniquement sur cette relation positive de feedbacks et de confiance avec les enseignants. Cette dernière est primordiale, certes, mais parfois trop aléatoire. Dans de nombreux établissements scolaires, cette condition est fragilisée par l’écosystème de l’établissement lui-même. Combien de fois entend-on que l’un ou l’autre élève est « tombé » sur le bon prof, ou le mauvais prof… ? Peut-on encore risquer de laisser des professeurs conserver des méthodes d’éducation coercitives non compatibles avec le bien-être émotionnel des élèves ? Peut-on, a contrario, laisser un enseignant seul et  démuni face à des classes « difficiles » à gérer ? Sachant qu’une relation détériorée entre enseignants et élèves ne peut qu’engendrer perte de confiance, mauvaise ambiance, résultats insuffisants, et comportements à risques pour les élèves, et au final « mauvaise » année pour toute une classe, on peut s’interroger. L’idée d’intégrer le bien-être scolaire au sein d’un projet global d’établissement, au même titre que la qualité de vie au travail dans l’entreprise, ne serait-il pas la voie ?

Un projet collectif au sein des établissements

Le bien-être scolaire repose sur la motivation pour les apprentissages mais aussi sur les conditions globales de vie à l’école. Celles-ci touchent à tous les moments que l’on passe au sein d’un établissement : bonnes relations entre élèves, bonnes relations avec les personnels enseignants et encadrants, locaux propres et agréables, qualité des repas à la cantine, activités et projets de classe… Dans ce contexte, le collectif et l’engagement sont primordiaux pour instaurer un réel projet de bien-être à l’école : c’est toute une équipe qu’il faut embarquer et acculturer !  On peut aller encore plus loin en affirmant que l’amélioration du bien-être des élèves à l’école exige une approche scolaire globale, impliquant à la fois les élèves, les enseignants mais aussi les parents. Des expériences de communauté éducative menée dans ce sens ont montré que la coopération de l‘école avec les parents a été très porteuse : se sentant soutenus et encouragés de part et d’autre, bénéficiant d’un solide suivi entre professeurs et parents, les élèves en difficulté ont remonté une pente difficile. Cette forme de collaboration est vertueuse : chacun se sent investi, responsabilisé et concerné, instaurant un climat positif et encourageant pour les élèves.

 

Au Lycée La Jonchère, un environnement de confiance et d’apaisement

De nombreux outils d’efficacité relationnelle et pédagogiques sont opérationnels au Lycée La Jonchère :  méthode Gordon de résolution des conflits, organisation de médiations par les pairs et entre élèves, mentoring entre élèves, suivi pédagogique sur-mesure… À ces outils s’ajoute un programme de festivités tout au long de l’année avec des célébrations, une éducation artistique et culturelle ainsi que des activités ludiques ‑ comme les matchs de football entre élèves et enseignants — qui renforcent le bien-être et le plaisir d’être ensemble. Les élèves qui préparent les examens nationaux du brevet et du baccalauréat, effectuent des séjours types séminaires encadrés par des enseignants dans un lieu agréable, souvent à la campagne. Un séjour d’intégration est organisé à chaque rentrée dans un cadre dépaysant. On peut dire que le bien-être scolaire passe par une cohésion d’équipe intergénérationnelle ! On peut préciser que les parents sont intégrés dans ce processus, notamment dans le cadre de formations sur la méthode Gordon. Cette approche permet d’affirmer que les élèves de La Jonchère ne se découragent jamais sur les apprentissages, car ils font confiance aux adultes dans un climat scolaire et éducatif apaisé

 

  1. Source Ministère de l’Education Nationale (2021)
  2. Etude méta-analyse John Hattie (2009), 
  • La Jonchère