Ado hypersensible : comment l’aider à surmonter ses années de collège ?
Décalage avec les autres, sentiment de ne pas être adapté au monde, d’être incompris de tous, de souffrir en permanence… Voilà une impression que nous avons tous pu connaître lors du difficile passage à l’adolescence. Bouleversement hormonal majeur, la puberté transforme l’enfant au prix de nombreux désagréments : développement de l’acné et de la pilosité, sudation excessive, mue de la voix, apparition des règles… Ces changements physiques ne peuvent qu’entraîner des bouleversements psychologiques et émotionnels et développer une hypersensibilité de l’adolescent. Lors de cette période, tout peut être difficile à surmonter pour lui, notamment dans ses relations familiales et scolaires. C’est la période des conflits, des bouderies, de la fuite, de la révolte… Ce passage délicat peut être bien accompagné par une écoute, une patience et une attention particulière de la famille mais aussi, et surtout, par des personnes extérieures de confiance comme les psychologues ou les psychiatres. Si tel est le cas, au bout de quelques années, l’adolescent traversera cette zone de grande turbulence grandi et mûri et sera prêt à prendre en main son destin de jeune adulte. Au-delà de cette révolution intime propre à l’adolescence, l’enfant a peut-être, dès le départ, un trait de caractère d’hypersensible, transformant cette étape de vie en un véritable cauchemar, notamment au collège. Comment repérer les enfants et adolescents hypersensibles ? Quelles sont les difficultés rencontrées par les adolescents hypersensibles lors de leur développement ? Comment aider un adolescent hypersensible au collège ?
Plan de l'article
- Comment détecter l’hypersensibilité de l’enfant et de l’adolescent ?
- Comment s’exprime l’hypersensibilité d’un enfant à l’autre ?
- L’hypersensibilité des adolescents dans le cadre scolaire : comment ces difficultés se traduisent-elles au collège
- Comment redonner confiance à l’adolescent hypersensible au collège ?
- L’hypersensibilité : une force malgré tout !
Les personnes hypersensibles ont différentes caractéristiques innées, affectives et relationnelles, qui peuvent malheureusement constituer des obstacles à leur bien-être. Il existe plusieurs types d’hypersensibilité : l’hypersensibilité émotionnelle est une capacité à percevoir de façon exacerbée impressions, sensations, émotions, sentiments, intuitions qui instaure chez le sujet une forme d’intranquillité permanente. Ces émotions si fortes proviennent d’une trop grande empathie pour les autres et d’une intense réceptivité intrinsèque : l’enfant et l’adolescents hypersensibles sont des éponges à émotions ! C’est pourquoi ces jeunes au profil atypique ont-ils souvent besoin de calme, de se trouver dans des endroits avec peu de stimulations sensorielles, intellectuelles et affectives pour se protéger et retrouver une forme de sérénité.
Par ailleurs, l’hypersensibilité peut aussi se traduire par une hypersensibilité sensorielle : dans ce cas, les sons, les odeurs, les touchers peuvent être insupportables. « Trop » est le mot-clé pour ceux qui souffrent de l’hypersensibilité sensorielle : trop de bruit, trop d’informations, trop d’odeurs, trop de monde… Chez un enfant, l’hypersensibilité sensorielle peut s’évaluer en fonction de ses cinq sens : l’ouïe, l’odorat, le goût, le toucher et la vue. Selon les spécialistes, si plus de trois sens sont touchés par un sentiment intolérable lors de leur stimulation, alors on peut en déduire que l’enfant est hypersensible : le surdéveloppement des sens est un critère clair et avéré de l’hypersensibilité de l’enfant.
L’hypersensibilité émotionnelle et l’hyper sensibilité sensorielle peuvent être doublées d’une capacité cognitive à enregistrer un très grand nombre d’informations, du fait de leur système nerveux plus sensible et rapide que la moyenne. Cette compétence cérébrale peut présenter des atouts, notamment pour le développement de leurs performances intellectuelles et définir un haut potentiel. Mais, il se trouve que chez ces jeunes, le fait de capter un grand nombre de signaux simultanément constitue une source de fatigue intense et de mal-être, pouvant aller parfois jusqu’à la crise de panique.
Pour connaître son taux d’hypersensibilité à la fois aux niveaux sensoriel et émotionnel, le test de l’hypersensibilité (TSS) développé par la psychologue américaine Elaine Aron est une référence en la matière. Mais pour poser un diagnostic fiable d’hypersensibilité ou de haut potentiel et définir un programme d’aide en conséquence, le mieux est de consulter un psychiatre ou un psychologue.
Comment s’exprime l’hypersensibilité d’un enfant à l’autre ?
L’ultra-sensibilité s’exprime de façon différente selon les jeunes concernés. Certains ont des comportements extravertis et démonstratifs, d’autres sont plus réservés et en retrait. Les jeunes ultrasensibles, qui enregistrent et captent émotions et informations très rapidement, saturent vite : ils ont rapidement trop d’informations et ont besoin de solitude et de repos pour y faire face, donc s’apaiser et redevenir disponibles. Cela peut se traduire par un repli, de la bouderie, une insatisfaction, des colères, qui correspondent en fait à un besoin de se protéger. Pour d’autres enfants, plus rares, on peut aussi noter un fort besoin d’exprimer des manifestations d’enthousiasme excessif. Dans tous les cas, le jeune hypersensible présente une instabilité émotionnelle dont il subit les effets et présente plus de risque que la moyenne de vivre des épisodes dépressifs.
L’hypersensibilité des adolescents dans le cadre scolaire : comment ces difficultés se traduisent-elles au collège ?
Il a été prouvé que le cerveau d’une personne ultrasensible travaille de façon plus approfondie, donc plus lente. Dans le cadre de l’école classique et académique, exigeante sur le rythme des apprentissages, cet effet peut être délétère pour les enfants et adolescents hypersensibles. Ces derniers se sentiront rapidement convaincus d’être moins doués que les autres, perdront l’estime d’eux-mêmes, et provoqueront peut-être eux-mêmes leur échec scolaire. Les élèves de type hypersensible peuvent développer une aversion, voire une phobie scolaire si le cadre ne s’adapte pas à leur rythme.
Par ailleurs, comme le dit Isabelle Pailleau, psychologue clinicienne, l’hypersensible a « un caractère particulièrement à fleur de peau, qui peut souffrir d’un excès d’agitation, de bruit, de lumière ou même de stress. Autant d’éléments que l’on retrouve fréquemment dans l’enceinte scolaire ». Il est ainsi facile d’imaginer ce que peut supporter un élève hypersensible au sein d’un établissement à gros effectifs, où règne le plus grand chahut !
Autre particularité pour les élèves hypersensibles au sein de l’école : les relations avec les autres. Un jeune hypersensible accorde une très grande importance aux qualités des relations qu’il vit avec les autres, ainsi qu’à la profondeur et à la sincérité de ces relations. L’hyper-loyauté et hyper-fidélité caractérisent ses exigences dans ses liens. Par conséquent, il peut être profondément affecté par des trahisons, des séparations, des conflits et surréagir à des situations qui peuvent paraître banales pour d’autres. Chez un adolescent hypersensible, coexistent des émotions contradictoires comme la peur du groupe et le désir d’appartenance, pouvant provoquer une situation très inconfortable et de la souffrance.
Comment redonner confiance à l’adolescent hypersensible au collège ?
D’une manière générale, les élèves atypiques qui se sentent mieux pris en compte parviennent à mieux affirmer et vivre leurs différences. L’adolescent hypersensible malheureux au collège peut être aidé à plusieurs niveaux. En premier lieu, il est important que son entourage, à la fois familial et scolaire, reconnaisse son hypersensibilité. Il ne s’agit pas de la considérer comme une pathologie mais de l’accepter comme ce qu’elle est, c’est-à-dire un trait de son caractère. Cette acceptation est précieuse pour la construction et la confiance de l’adolescent : accepter sa différence l’aide à se déculpabiliser et l’empêcher de vouloir se conformer à ce que l’école, puis la société attendent de lui ; un adolescent qui accepte son hypersensibilité avec l’aide de son entourage est un adolescent qui peut avancer en confiance et en conscience. Ensuite, l’adolescent hypersensible a besoin d’un cadre rassurant pour apaiser ses craintes de ne pas être à la hauteur et calmer ses sensations d’être submergé et hypersollicité par les interactions sociales. C’est pourquoi le choix d’un collège à effectif réduit, à taille humaine, peut-il constituer une première solution pour l’aider à trouver facilement ses repères.
Ensuite et surtout, quel que soit l’établissement de votre adolescent, il peut être très positif d’expliquer à l’équipe pédagogique ce que peut représenter l’hypersensibilité pour de jeunes adolescents. Sans stigmatiser votre enfant, parlez du fait que cela peut concerner beaucoup de jeunes et qu’il s’agit non pas d’un handicap mais d’un trait de caractère différent qui, s’il n’est pas considéré avec bienveillance, peut provoquer des dommages. Donnez l’idée de créer une entraide – à travers du mentoring et du co-développement de projets entre adolescents par exemple–, pour apaiser les relations. Dans ce contexte, le mot d’ordre est aussi d’éviter au maximum de porter trop d’attention à l’adolescent hypersensible mais plutôt d’être attentif sans en faire trop !
L’hypersensibilité : une force malgré tout !
Etre hypersensible n’est pas être plus fragile que les autres. L’hypersensibilité est une façon d’aborder le monde dans une hyperémotivité. Mais elle constitue en elle-même plutôt un atout car tout ressentir avec plus d’intensité peut aussi être très positif : les émotions sont de belles sources de créativité, la compréhension rapide de son environnement un avantage, l’ouverture sociale et la loyauté, de précieuses qualités humaines… De tels arguments sont à valoriser tout au long des années de collège de l’adolescent hypersensible. Enfin, pour apaiser de façon pérenne un adolescent hypersensible, pensez aux activités comme la méditation de pleine conscience ou le yoga pour l’aider à diminuer son stress, à mieux gérer ses émotions et à être en paix avec lui-même…