Phobie scolaire et refus scolaire anxieux : quelles solutions ?
En tant que parents ou enseignants, nous ne sommes pas toujours armés pour détecter, comprendre et apaiser une phobie scolaire ou un refus scolaire anxieux chez un enfant ou un adolescent. Démunis face à des signes d’angoisse, des troubles anxieux et parfois des crises de panique irrationnelles de la part des jeunes atteints par ce trouble, beaucoup de parents ont du mal à diminuer cette anxiété qui peut parfois aboutir à la déscolarisation. La phobie scolaire, qui serait le motif de 5% des consultations pédopsychiatriques en France, touche les enfants et les adolescents mais aussi et par ricochet, les autres membres de la famille, créant un climat de malaise et même une anxiété généralisée à la maison.
Comment détecter l’expression de la phobie de l’école, du collège et du lycée ? Comment la comprendre ? Quelles en sont les causes ? Comment aider nos enfants et adolescents souffrant de cette phobie à vaincre l’angoisse et à retrouver la sérénité ?
Plan de l'article
La phobie scolaire ne date pas d’hier
On peut dire que la peur de l’école est née… avec l’école ! Dès l’instauration de l’école obligatoire au XIXe siècle, le pédagogue et psychologue français Alfred Binet avait identifié un phénomène de « peur de l’école qui plonge certains enfants dans un véritable mutisme en classe ». On peut se demander si les sanctions, punitions et principe d’autorité qui ont gouverné l’Education Nationale depuis toujours n’ont pas elles-mêmes déclenché les conditions favorables à l’école buissonnière.
Plus tard, le neuropsychiatre et psychanalyste français Julian de Ajuriaguerra a décrit les enfants atteints de phobie scolaire comme des « enfants qui pour des raisons irrationnelles refusent d’aller à l’école et résistent avec des réactions d’anxiété très vives ou de panique quand on essaie de les y forcer ».
On touche là un comportement que l’enfant ne maîtrise même plus lui-même. La classification française des troubles mentaux de l’enfant et de l’adolescent R- 2012 définit la phobie scolaire comme étant une « manifestation d’angoisse majeure avec souvent phénomène de panique liée à la fréquentation scolaire et interdisant sa poursuite sous les formes habituelles ».
En 2011, la phobie scolaire est inscrite et définie dans le Journal Officiel : « La phobie scolaire est une manifestation de refus de la fréquentation scolaire, à distinguer du refus d’apprendre ou de difficultés d’apprentissage. » Enfin il faut savoir que la loi du 11 février 2005 du droit à compensation du handicap et de l’obligation de solidarité de l’ensemble de la société à l’égard des personnes handicapées considère comme handicap toute maladie « évoluant sur le long terme et/ou invalidante ».
De ce fait, la phobie scolaire, sans être un handicap en soi, peut être considérée comme invalidante si elle évolue sur le long terme. Il est parfois envisageable que la maison départementale pour les personnes handicapées (MDPH) mette en place un dispositif d’aide après examen du cas, et si elle estime que cela est nécessaire.
Quels sont les symptômes de la phobie scolaire ?
Comment se traduit cette « angoisse majeure » exprimée lorsque l’on parle de phobie scolaire? Plusieurs cas de figure sont possibles : soit l’enfant verbalise son trouble ou son inquiétude lorsqu’il ressent l’angoisse à l’idée de retourner à l’école, soit il se manifeste de façon somatique plus ou moins aiguë :
- maux de ventre,
- malaises,
- nausées,
- crampes,
- palpitations,
- vertiges…
Ces expressions somatiques peuvent survenir la veille de la rentrée, à la fin du week end (la fameuse « boule au ventre » du dimanche soir…) ou le matin avant de partir pour l’école.
Si malgré tout ce qu’il exprime l’enfant se sent contraint d’aller à l’école, il peut se mettre à pleurer, crier, résister physiquement de manière excessive. Cet état de panique bloque toute tentative de discussion et de raisonnement. Dans ce cas, la seule décision qui puisse calmer son anxiété est de lui permettre de rester à la maison. Mais si la phobie perdure, la crise de panique se répétera tous les matins, laissant s’installer un engrenage très difficile à supporter pour la cellule familiale…
Sachez que ce qui distingue un simple caprice d’une phobie scolaire c’est que le caprice ne provoque pas de maux psychosomatiques et peut se calmer et se raisonner.
A quel âge se déclenchent les signes d’angoisse scolaire chez les enfants ?
Dès l’âge de 3 ans, au moment de l’entrée en maternelle, l’enfant peut exprimer de grandes réticences à travers des cris, pleurs, agrippements… lorsqu’on le dépose à l’école.
Dans ce cas, plus qu’une phobie scolaire, il s’agit plutôt d’une anxiété provoquée par la peur de l’abandon. Cette dernière se calme lorsque l’enfant a surmonté la période d’adaptation et a pris du plaisir à la sociabilisation. Lorsque l’enfant grandit, il prend de plus en plus conscience des changements lorsque ceux-ci surviennent. Il prend aussi conscience de sa propre personne et de ses différences.
Trois catégories d’âge sont plus propices à l’apparition des angoisses scolaires :
- l’entrée au cours préparatoire vers 6 ans,
- l’entrée en sixième vers 11 ans,
- l’entrée en quatrième vers l’âge de 13-14 ans.
Ces catégories d’âge sont marquées par des étapes de « maturation somatopsychique », c’est-à-dire des étapes de développement telle que la capacité de raisonnement hypothétique et déductif. C’est donc lors de ces périodes charnières qu’il faut être plus vigilant en les soutenant émotionnellement.
Qu’est-ce qui provoque la phobie de l’école ?
Comme le précise la définition du Journal Officiel, « La phobie scolaire est à distinguer du refus d’apprendre ou de difficultés d’apprentissage » Le fait d’avoir peur de l’école n’est pas incompatible avec l’envie d’apprendre. Il ne faut donc pas perdre espoir sur les apprentissages mais il s’agit d’identifier ce qui provoque cette angoisse chez l’enfant ou l’adolescent et cette impossibilité de se rendre à l’école, au collège ou au lycée.
Certaines causes sont inhérentes à l’enfant : dépression causée par une situation personnelle et familiale compliquée, qui n’a pas été résolue, et qui bloque sa confiance. Certaines causes se révèlent chez des enfants dont les problématiques n’ont pas été prises en compte par l’école. Ce sont les profils surdoués (HPI) ou DYS (dyslexie, dyspraxie, dysorthographie…). L’enfant se sent incompris et développe une aversion pour l’institution où il ne trouve pas sa place.
D’autres causes sont inhérentes à l’établissement : le parcours scolaire est compliqué avec des échecs scolaires à répétition, des difficultés sociales comme du harcèlement… Parfois certains enseignants peuvent créer des conditions de risques de phobie en adoptant une attitude autoritaire injustifiée qui finit par être intimidante et bloquante pour l’enfant.
Comment réagir et retrouver la sérénité face à une phobie scolaire ?
Dès la maternelle, il faut réagir dès les premiers signes d’angoisse, de stress, d’inquiétude émis par votre enfant à l’idée de retourner à l’école. La première étape de prise en charge est de nature psycho-éducative. La communication entre parents, équipes pédagogiques, médecins et infirmières scolaires est précieuse pour poser un diagnostic clair. Dans cet échange entre la famille et le corps enseignant, le soutien et l’écoute collectifs peuvent apaiser certaines craintes et ramener rapidement la situation à la normale. Dans certains cas, la personnalité timide ou inhibée de l’enfant peut être réellement bloquante.
Les parents ont alors un grand rôle à jouer pour trouver le moyen de rassurer, soit avec l’aide de pédopsychiatres, soit avec des personnes proches de confiance. Une psychothérapie peut être très efficace.
Si les symptômes persistent, la Haute Autorité de santé (HAS) conseille fortement de recourir aux thérapies cognitives et comportementales (TCC) pour traiter efficacement et gérer l’anxiété et les phobies.
Des solutions scolaires sur mesure
La phobie scolaire peut mener parfois à la déscolarisation. Dans ce cas, des options comme le Centre national d’enseignement à distance (CNED) peut être une juste solution, même provisoirement. Cette démarche s’effectue avec l’accord de la Direction académique des services de l’Éducation nationale (DASEN). Un changement d’établissement scolaire dans une structure de petite taille peut être envisagé. Un enfant ou adolescent surmontera plus facilement son anxiété au sein d’une structure éducative de petit effectif et bienveillante.
La Jonchère, collège alternatif de La Celle-Saint-Cloud (78), fait partie de ce genre d’établissements alternatifs permettant une prise en charge bienveillante et rassurante et qui réussit à restaurer le chemin de la confiance pour certains enfants et adolescents.