Posté le : 05 Oct 2023 - Temps de lecture estimé : 7 minutes

Les conséquences des classes surchargées dans les écoles

 

Lorsque l’on parle de facteurs de bien-être à l’école, on parle de sentiment de sécurité, de qualité des relations, de bienveillance. On parle moins souvent de confort, de calme et d’espace pour bien travailler. Or, en France, le nombre d’élèves par classe augmente constamment dans les établissements, à tel point que l’on parle de classes surchargées. Une situation de promiscuité qui n’est pas exempte de conséquences sur les apprentissages, les relations entre enseignants et élèves et la santé de tous.

Plan de l'article

Quels sont les effectifs scolaires par classe en France ?

30,4 élèves par classe en moyenne au lycée en France : ce chiffre seul donne une idée du problème de surcharge des effectifs pour les élèves et pour les enseignants ! 

En 2021, on comptait, dans les établissements scolaires publics et privés, une moyenne de 22,7 élèves par classe en école maternelle, 21,7 en élémentaire et primaire, 25,8 au collège, 18,2 dans les lycées professionnels et donc 30,4 dans les formations générales et technologiques de lycée*… Le rapport 2022 de la Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (DEEP) de l’Education nationale indique que « La France est le pays de l’Union Européenne dont la taille moyenne de classe est la plus élevée dans l’enseignement élémentaire. Le minimum est observé en Grèce, en Lettonie et en Pologne, avec 17 élèves par classe. Dans le premier cycle d’enseignement secondaire, c’est à nouveau en France que les classes sont les plus chargées, en moyenne avec 26 élèves, puis en Espagne avec 25 élèves par classe, tandis que la Lettonie présente à nouveau le plus faible effectif moyen par classe (17). »

Par ailleurs, on compte en France en moyenne un professeur pour 18 élèves en primaire et secondaire, alors qu’en Norvège, on compte un professeur pour 10 élèves… Nous sommes les dixièmes parmi les pays de l’OCDE en termes de ratio enseignants/ élèves. Tous ces chiffres illustrent qu’en France, la taille de classe continue de poser problème sur de nombreux plans.

Promiscuité physique, frein à la concentration

L’être humain a besoin d’espace et de calme surtout lorsqu’il doit fournir des efforts intellectuels. Or, les élèves français en manquent cruellement ! Imaginez, en tant qu’adultes, travailler plusieurs heures par jour enfermé dans une petite salle surchargée de 30 personnes… Cela nous semble inacceptable. La promiscuité physique, induite par le sureffectif et le petit espace, instaure un environnement peu propice à la concentration. Plus les élèves sont nombreux, plus les prises de paroles, les mouvements se multiplient, amplifiant le niveau sonore qui, en permanence, provoque stress et fatigue. Dans une classe surchargée, il n’y pas beaucoup de minutes de silence ! À cela s’ajoutent la chaleur, le manque de place pour poser ses affaires, et le manque d’espace pour bouger et détendre son corps qui accentuent le sentiment d’inconfort. Tous ces obstacles encombrent l’esprit et ne créent pas les conditions idéales pour bien apprendre.

Les classes surchargées limitent créativité et projets

Dans une salle de classe surpeuplée, il est difficile de déplacer tables et chaises pour envisager une autre façon de travailler avec les élèves. Or, il est parfois intéressant de moduler les espaces d’apprentissage pour changer les habitudes et créer de nouvelles synergies. Or, les classes surchargées offrent une configuration très statique qui freine toute initiative pour mener des travaux en groupes, constituer des ateliers, encourager la réflexion et la créativité entre les élèves. Résultat : la salle de classe garde une configuration dans laquelle chaque élève conserve sa place toute l’année, « s’enfermant » dans une routine pas très inspirante. L’espace est important pour favoriser la créativité et  la sérendipité…

 

Prise de parole et expression orale peu facilitées

Un élément important de la construction d’un jeune élève est la possibilité de s’exprimer sans crainte, de prendre la parole en public et de contribuer à la pensée collectivement. Comment cela est-il possible dans une classe de 30 élèves ? Il est évident que dans un tel contexte, beaucoup ne prennent jamais la parole, adoptant une attitude plus passive, et préférant laisser les autres s’exprimer à leur place. Par ailleurs, organiser un débat avec autant de monde semble être mission impossible pour beaucoup d’enseignants qui préfèrent tenter de privilégier le silence au chaos général !

 

Une attention individualisée quasiment impossible

Un enseignant, face à une classe surchargée, est très démuni pour capter l’attention de tous ses élèves. D’où une grande déperdition des connaissances avec une transmission même partielle du programme. Certains professeurs passent plus de temps à tenter d’instaurer le calme dans leur classe qu’à enseigner… De plus, pour l’enseignant, développer une attention individualisée pour chaque élève dans une classe de 30 est quasiment impossible. Certains élèves volontaires en bénéficieront, les autres, qui ne se manifestent pas ou peu, seront malheureusement un peu les « oubliés ». Le sureffectif d’une classe finit par créer et creuser des inégalités d’attention et d’apprentissage.

Problèmes de santé et de sécurité

Outre les bonnes conditions pour se concentrer et travailler, la taille des classes est primordiale pour la santé et la sécurité de ses occupants… Un petit espace partagé par trop de monde pose un problème sanitaire : la classe devient un lieu de contamination pour les virus. Par ailleurs, il est aussi évident qu’une salle comble peut conduire à bloquer les sorties de secours, et peut mettre en danger élèves, enseignants et autres personnels en cas d’urgence…

À La Jonchère, un petit effectif propice aux apprentissages

Le collège-lycée la Jonchère compte une quarantaine d’élèves de la 6e à la terminale. Depuis toujours, l’établissement qui augmente son effectif chaque année, met un point d’honneur à conserver son approche d’enseignement personnalisé, quasiment sur mesure. C’est un casse- tête pour l’organisation des emplois du temps mais cela en vaut la peine ! Cette année, certains élèves volontaires de 4e intègrent un programme intensif pour passer le brevet en fin d’année, d’autres élèves de 2nde  « attaquent »  les matières du bac et deux élèves de 1ère ne souhaitant pas poursuivre la filière générale sont à l’origine de la mise en place de la 1ère STMG quelques semaines après la rentrée ! Le collège-lycée encourage les ambitions, ne les force jamais. Certains élèves ont besoin, au contraire, de reprendre leur souffle sur certaines matières et il est évident que dans ce cas, le temps leur est donné pour atteindre le niveau. Cette forme d’agilité constitue l’ADN de l’école qui, même si elle accroît ses effectifs, continuera dans cette approche personnalisée aussi longtemps que nécessaire. Par ailleurs, un projet d’extension des locaux est en cours pour assurer un confort d’apprentissage maximal.

 

 

 

*Source : Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (DEEP) de l’Education nationale 2022

 

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