Posté le : 28 Fév 2023 - Temps de lecture estimé : 7 minutes

Comment un enseignant bienveillant peut-il changer la donne pour un élève ?

Qui n’a pas été marqué de manière très positive par un enseignant ? Qui n’a pas gardé dans ses souvenirs le ou la professeur(e) qui a provoqué le déclic pour une matière, donné l’envie pour une activité, éveillé la curiosité tout simplement pour le monde qui l’entoure… Certains de ces professeurs ont même réussi à déclencher des vocations, permettant à des élèves de trouver leur voie professionnelle. Quelle posture, quelle attitude, quelle méthode ont pu être adoptées par l’enseignant ou l’enseignante pour compter autant dans la vie d’un élève ? Pourquoi et comment ces professeurs bienveillants font-ils la différence ?

Plan de l'article

Si les grands principes des enseignements classiques reposent sur des programmes scolaires imposés, les contrôles et la validation des savoirs par la notation, la « liberté pédagogique »  laisse en principe aux enseignants le choix d’enseigner comme ils le souhaitent. Le Code de l’Éducation donne en effet aux professeurs : « la liberté de choisir les méthodes, les exercices, le type de notation qui leur semblent le mieux adaptés pour atteindre les objectifs des programmes et faire progresser les élèves». La liberté pédagogique c’est aussi la liberté pour les professeurs « d’enseigner d’une manière qui leur convient et leur correspond, personnellement et intellectuellement ».  Et c’est cette manière toute personnelle de faire la classe, de transmettre les apprentissages et de considérer avec attention chaque élève qui peuvent faire la différence pour l’avenir des jeunes.  Au sein d’un système éducatif restrictif cette liberté pédagogique est vitale :  qui mieux que les enseignants a la capacité de  « sentir » une classe, estimer la bonne attitude à adopter face à elle, ajuster les exigences à la hausse ou à la baisse pour être efficace ? Au sein de l’Education Nationale, chaque génération d’enseignants porte son lot de ceux qui appliquent des méthodes d’apprentissage qui leur sont propres. Bien souvent, ces enseignants estiment que menaces et sanctions ne constituent pas toujours le socle propice à la qualité de l’enseignement et décident de faire autrement, dans une approche bienveillante et une discipline positive.  Et c’est souvent de ceux-ci dont on se souvient !

Qu’est-ce qu’un enseignant bienveillant ?

Un enseignant bienveillant est avant tout un enseignant qui choisit, de manière inconditionnelle, de prendre en compte les besoins de ses élèves tout en faisant baisser la pression scolaire. Et ce n’est que du bonus ! En effet, cette posture part du principe que sanctionner ou menacer de sanctionner ne peut que « stresser », « dégoûter », « décourager » l’élève pour finir par être totalement contre-productif. Au contraire, la sérénité instaurée par la bienveillance facilite l’activation des fonctions cognitives et met en place de bonnes conditions pour faire travailler la mémoire, motiver et susciter l’entraide entre élèves. Un enseignant bienveillant est aussi celui qui donne la permission à ses élèves d’échouer. Pour lui, l’échec est plutôt considéré comme formateur plutôt que pénalisant. Dans ce même état d’esprit, l’enseignant bienveillant n’hésitera pas à essayer de nouvelles méthodes pédagogiques, à trouver de nouvelles solutions aux problèmes quotidiens, à faire quelque chose de nouveau, d’audacieux, sans pour autant lâcher ses objectifs d’apprentissage.

Avec un enseignant bienveillant, plus de spontanéité et de créativité

Cette approche bienveillante peut parfois mener à une apparence de désordre au sein d’une classe. En effet, un enseignant bienveillant est moins porté sur la discipline et le silence, davantage sur la discussion, l’échange, les interactions avec ses élèves.  En étant proche et authentiquement disponible pour ses élèves, ce type de professeur est plus à même de développer la créativité et la sérendipité dans la classe. Ce processus finit forcément par casser la routine, éveiller les curiosités, libérer les prises de parole et susciter davantage d’engagement pour les apprentissages. Les élèves comprennent que l’apprentissage n’est pas une activité soignée et ordonnée. On peut même dire que le respect des règles et des routines peut leur faire perdre leur curiosité naturelle, leur spontanéité et la passion qu’ils peuvent découvrir pour certaines matières.

Une relation de confiance constructive entre enseignant et élève

Intéresser et motiver les élèves pour des matières passe par la qualité de la relation avec les élèves. Une relation humaine chaleureuse, encourageante est porteuse de bien-être et de confiance. Or, la corrélation entre le bien-être à l’école et la réussite scolaire a été établie depuis plusieurs années par la recherche en neurosciences. D’ailleurs, pour la majorité des acteurs de l’éducation et des métiers de l’enseignement, elle relève du bon sens et de l’éthique professionnelle :  les expériences scolaires les plus réussies pour les élèves et leurs enseignants sont celles où les bonnes relations ont permis d’épanouir l’estime de soi, de développer le rapport au savoir et augmenté la motivation d’apprendre. Un enseignant convaincu de ces principes de bienveillance réciproque change forcément la donne pour un élève !  Ces principes d’éducation positive, s’ils sont difficiles à appliquer au sein de classes surchargées de l’Education Nationale, peuvent néanmoins « sauver » quelques élèves et avoir une influence sur leur orientation et leur avenir. Dans un contexte parfois difficile, l’espoir de changer la donne pour certains élèves motive les enseignants bienveillants.

Au Lycée La Jonchère, des enseignants connectés aux élèves

Dans le cadre d’une pédagogie active et positive comme celle qui est mise en place au lycée alternatif La Jonchère (78), les enseignants sont proches des élèves. Cette proximité ne se résume pas à être chaleureux, souriants et polis ! Chaque professeur est attentionné et à l’écoute des élèves qu’ils se sentent bien ou qu’ils expriment des difficultés d’attention, de la fatigue ou du mal-être. Le climat scolaire de la Jonchère repose sur la communication non-violente (CNV) et tous nos enseignants sont formés à la méthode Gordon de gestion des conflits. Cette attention consciente permet aux équipes d’ajuster les apprentissages en fonction de l’état de l’élève. Si un élève exprime de l’angoisse scolaire, un programme ou un projet sera conçu sur mesure pour le rassurer. Ce cadre scolaire de confiance et d’attention peut susciter plus de motivation chez l’élève qui se sent écouté, pris en compte et considéré. Dans ce contexte de bienveillance, l’élève assume qui il est, s’exprime librement et a plus de chance d’identifier ses goûts et pourquoi pas, ses vocations !

 

  • La Jonchère